La parole est une faculté que seuls les êtres humains ont développée. Cette singularité, ainsi que l’opportunité de travailler avec des enfants, ont convaincu Catherine Fradette de choisir la profession d’orthophoniste. Elle témoigne de sa passion pour son travail.

En début de parcours, Catherine se préparait à devenir enseignante. Puis une cousine lui a parlé d’orthophonie lors d’une fête familiale, ce qui l’a emballée au point d’appeler directement dans un CLSC pour demander à discuter avec une orthophoniste. C’est Marie-Line Arguin qui a répondu à l’appel : 

« Je crois que je suis une bonne porte-parole parce que j’adore mon travail! Quand j’ai répondu à l’appel de Catherine, j’ai témoigné de mon expérience, expliqué le quotidien d’une orthophoniste auprès de jeunes enfants, de notre alliance avec eux et leurs proches. Je lui ai raconté comment on peut changer la dynamique d’une famille et surtout, à quel point il est formidable de voir des enfants s’épanouir sous nos yeux. »

– Marie-Line Argouin, orthophoniste au CLSC Camirand, à Sherbrooke

Il n’en fallait pas plus pour convaincre la jeune Catherine : aujourd’hui, un peu plus de 20 ans après cet appel, elle exerce sa passion dans le bureau voisin de celui de Marie-Line, au CLSC Camirand!

Le CIUSSS de l’Estrie – CHUS compte sur l’expertise d’une centaine d’orthophonistes. On les trouve en CLSC, dans les services de réadaptation et les hôpitaux auprès de clientèles de tous les âges.

L’ABC de la communication

 

 « A » comme dans « accompagner »

 

Catherine se définit comme une « spécialiste de la communication et du langage pour les enfants de 0 à 5 ans. Son rôle est d’aider les tout-petits à développer leur communication en passant par des personnes significatives dans leur vie.

Plus précisément, elle fait partie de l’équipe du programme Agir tôt, dont le volet dépistage vise à identifier le plus tôt possible les indices de difficultés dans le développement d’un enfant afin de l’orienter vers les bons services rapidement, ce qui permet le déploiement de son plein potentiel et facilite son entrée à la maternelle. L’orthophoniste fait partie d’une équipe de professionnels qui interviennent directement auprès de l’enfant et de sa famille afin de les aider à surmonter les défis identifiés.

 

Le langage, c’est la base de nombreux aspects dans la vie d’un enfant. Ce dernier doit être capable de communiquer ses besoins, mais aussi ses émotions. Imaginez à quel point ses relations personnelles changent, quand un enfant arrive à dire « je t’aime » à ses parents ou qu’il parvient enfin à se faire des amis! 

 

Ne pas arriver à communiquer, peut par ailleurs être très difficile pour l’estime de soi. Grâce à l’aide de Catherine, plusieurs bambins étaient pleins de confiance pour leur entrée à la garderie ou à l’école. Elle se souvient d’ailleurs d’une journée de rentrée scolaire particulièrement marquante :

« Ce matin-là, j’ai croisé plusieurs enfants qui ont bénéficié de notre service en orthophonie au préscolaire, dont un qui commençait sa maternelle 5 ans à l’école de mes enfants. Il était tout content de me voir et moi aussi! Et j’ai eu les yeux dans l’eau… il avait l’air confiant malgré ses défis pour parler. Notre travail, ce n’est pas juste d’évaluer et de stimuler le langage. On travaille également pour que les enfants soient bien, en confiance dans le monde d’aujourd’hui malgré leurs différences, leurs défis. On aura été une personne qui a cru en eux, qui leur a fait vivre des moments positifs tout en apprenant à mieux communiquer, avec la participation de leurs parents. C’est si beau notre travail! »

– Catherine Fradette, orthophoniste 

 « B » pour besoins

 

Les besoins des enfants avec qui Catherine peut être amenée à travailler sont variés. L’enfant peut par exemple avoir de la difficulté à accéder au vocabulaire, à communiquer efficacement ses idées, à comprendre les consignes ou encore présenter un bégaiement. Pour bien cibler les pistes de solutions, l’orthophoniste procède à une anamnèse (c’est-à-dire qu’elle récolte des renseignements sur l’historique du jeune usager), puis elle observe l’enfant dans un contexte de jeu ou dans des activités du quotidien, en personne ou en virtuel.

 

Ces étapes d’observation et d’analyse lui permettent d’établir un plan d’action et des stratégies à mettre en place avec les proches de l’enfant lors de rencontres individuelles ou de groupe.

 

« C » comme dans « collaboration »

 

Si on dit souvent qu’il faut un village pour élever un enfant, c’est aussi le cas pour l’aider à développer sa communication. En effet, la collaboration avec les parents, la fratrie et même les professionnels des milieux de garde est essentielle.

 

Les orthophonistes échangent aussi régulièrement avec des professionnels d’autres équipes œuvrant auprès de familles vulnérables. Dans certains cas, elles peuvent même collaborer avec des dentistes pour l’aspect morphologique de l’élocution, par exemple.

 

L’équipe d’orthophonie du CLSC est très soudée et il est commun que les professionnelles se consultent entre elles, pour s’assurer d’évaluer toutes les possibilités et d’offrir le meilleur service possible aux petits usagers. Elles mettent leurs forces en commun, partagent leurs expériences, se conseillent mutuellement.

 

Les orthophonistes du programme Agir tôt sont parfois appelés à jouer le rôle de « pisteur » puisque la difficulté de langage peut être causée par une condition sous-jacente (autisme, retard global de développement, etc.). Dans ces cas-là, l’équipe réfère les tout-petits à d’autres services plus spécifiques et plus spécialisés dans l’établissement.

Une partie de l’équipe d’orthophonie de la Direction du programme jeunesse (DPJe) à Sherbrooke

Une partie de l’équipe d’orthophonie de la Direction du programme jeunesse (DPJe) à Sherbrooke.

 

Des témoignages de reconnaissance

« Avec le soutien de l’orthophoniste, nous sommes mieux outillés pour aider notre fille à communiquer. Peu importe comment sortiront les mots de sa bouche au fil du temps, nous sommes confiants pour l’aider. Merci pour ce temps précieux qui nous a été accordé, ces rencontres constructives et l’amour des mots. »

– Maman d’une petite fille suivie dans nos services pour un retard de langage et du bégaiement

« Sans toutes ces interventions en collaboration, notre fils n’aurait pas eu la chance de continuer à fréquenter son milieu de garde. Moi ou la maman aurait dû cesser de travailler, nous n’avons pas de famille au Québec pour le garder. De plus, il est maintenant possible de communiquer avec lui par des gestes, des mimiques et quelques mots! Nous vous remercions de tout notre cœur. »

– Papa d’un garçon ayant des besoins particuliers suivi dans nos services

Une fierté au quotidien

« À la fin d’une journée de travail, je suis comblée si j’ai eu une influence positive dans la vie d’un enfant et de sa famille. Ce qui me rend le plus fière, c’est quand je vois un enfant qui n’arrivait pas du tout à communiquer, enfin réussir à exprimer ses besoins, dire ce qu’il aime et se faire respecter. Ça change tout pour eux! »

– Catherine Fradette

 

 

Photo d’entête : Catherine Fradette, orthophoniste, intervient auprès d’un enfant accompagné de son père.

 

 


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