Deux jeunes infirmières se parlent dans le couloir

Relève infirmière : le choc de transition entre les études et le travail

24 octobre 2023

C’est bien connu, la transition entre les études et le milieu du travail peut s’avérer déstabilisante pour plusieurs recrues. Les soins infirmiers ne font pas exception. Pour les préceptrices, dont le rôle est d’aider les nouvelles infirmières et infirmières auxiliaires à intégrer le milieu professionnel, il est important d’aborder la question et de dire à la relève « Nous sommes là avec vous! »


Le programme de préceptorat* de la Direction des soins infirmiers (DSI) a permis de soutenir Florence Curadeau dans sa remise en question face à sa profession. En juin 2022, la jeune femme de 20 ans a commencé son orientation comme candidate à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) en CHSLD. Elle venait donc de compléter la 3e année de sa formation.

Florence était heureuse de travailler auprès des personnes âgées et d’enfin pouvoir mettre en pratique ce qu’elle avait appris pendant ses études. En septembre 2022, ayant obtenu son permis d’exercer, elle était très fière d’être infirmière.

Toutefois, sa charge de travail s’est modifiée. Au fil des jours, l’emballement des premiers instants a cédé la place aux doutes et à certaines appréhensions.

« C’était la première fois dans ma vie que je travaillais pour vrai et que j’avais autant de responsabilités », raconte Florence en se remémorant avec émotion le stress qui l’avait envahie.

Cette période a été difficile pour l’infirmière, qui avait pourtant choisi sa profession avec conviction.

 

Le choc de transition, un phénomène commun

Florence Curadeau, infirmière, assistante au supérieur immédiat (ASI)

Florence Curadeau, infirmière, assistante au supérieur immédiat (ASI)

Ce qu’a vécu Florence est loin d’être une situation isolée. Elizabeth St-Amant et Noémie Nicol-Clavet, toutes deux préceptrices, expliquent que des Florence, il y en a beaucoup et qu’elles-mêmes ont vécu cette étape au début de leur carrière. Le choc de transition, aussi appelé « choc de la réalité », n’est pas un mythe. Ce phénomène, qui est loin d’être récent, a été étudié dès les années 1970 dans plusieurs pays. Il a été démontré que cette étape est une expérience déstabilisante qui touche de nombreuses infirmières.

Ce choc de la réalité, qui est vécu différemment par chaque personne, survient généralement de quatre à six mois après l’entrée en poste. Il peut générer divers symptômes tels qu’une diminution de la confiance en soi, un sentiment d’impuissance, des problèmes de sommeil, un désengagement progressif au travail et même une détresse psychologique.

 

Qu’est-ce qui provoque ce choc?

 

« Souvent, quand les recrues arrivent, elles sont sur un nuage, comme pendant une lune de miel. Elles ont appris plein de choses à l’école, elles ont hâte de travailler, de faire une différence dans l’équipe de soins. Elles ont beaucoup entendu parler d’humanisme et elles espèrent que l’environnement sera propice aux contacts humains chaleureux, » explique Elizabeth St-Amant, conseillère en soins infirmiers – volet préceptorat à la DSI.

Certaines études ont identifié des éléments susceptibles d’influencer le parcours d’intégration des recrues.

Parmi ceux-ci :

 

  • Les unités de soins qui les accueillent ont leurs propres réalités qui les distinguent;
  • Les recrues se retrouvent rapidement avec les mêmes responsabilités que leurs collègues;
  • Les nouvelles infirmières désirent être rapidement performantes afin de répondre aux attentes des milieux;
  • Il y a un contraste entre la façon dont le monde du travail est anticipé par les recrues et la réalité;
  • L’accompagnement étroit, propre au contexte scolaire, fait place à de la rétroaction moins fréquente.
Noémie Nicol-Clavet a un rôle de préceptrice auprès des recrues.

Noémie Nicol-Clavet a un rôle de préceptrice auprès des recrues.

Pour chaque recrue, un soutien personnalisé

 

À l’automne dernier, Noémie Nicol-Clavet, préceptrice dans le RLS de Sherbrooke, a fait une différence dans le parcours professionnel de Florence. Après une journée particulièrement difficile, la nouvelle infirmière a eu le réflexe de contacter Noémie avec qui elle avait déjà échangé lors de son arrivée.

« Noémie a pris vraiment beaucoup de son temps pour me donner un suivi personnalisé et confidentiel. Je me suis sentie accueillie et écoutée avec empathie et bienveillance. Pendant environ deux mois, nous avons eu des échanges et des rencontres qui m’ont permis d’exprimer mes craintes et ainsi d’y voir plus clair. Ce soutien m’a permis de trouver des solutions et des stratégies pour mieux fonctionner. Je suis devenue vraiment débrouillarde! » se rappelle Florence.

Noémie explique que, comme plusieurs recrues, Florence avait essentiellement besoin de renforcement positif et de validation de ses compétences personnelles et professionnelles. « Elle avait besoin d’entendre : tu es bonne, tu as tout en toi, fais-toi confiance, » explique Noémie, soulignant aussi l’importance de dire à l’apprenante que ce qu’elle vit est normal, sans le banaliser pour autant.

Pour la préceptrice, Florence a fait preuve d’humilité et de courage en allant chercher de l’aide. Elle encourage les nouvelles infirmières à en faire autant.

« On souhaite que toutes les recrues qui se sentent stressées ou submergées viennent vers nous. C’est l’essence de notre travail de les soutenir! »

– Noémie Nicol-Clavet

Prendre soin de notre relève, une responsabilité collective

 

Pour Elizabeth et Noémie, il est important de faire connaître le programme de préceptorat aux nouvelles infirmières, mais aussi aux collègues et aux gestionnaires, qui pourront les y référer au besoin. Ceux-ci doivent aussi être sensibilisés aux étapes et à la réalité du choc de transition.

« C’est important que tous les membres de l’équipe qui entourent les recrues sachent que le choc de transition existe. En avoir conscience permet d’être plus bienveillant envers les nouvelles. »

– Elizabeth St-Amant

La compréhension de cette étape permettra aux équipes d’assurer une présence plus soutenue auprès des recrues, et ce, au-delà de la période d’orientation.

 

Une infirmière épanouie qui relève des défis!

 

Aujourd’hui, Florence est non seulement heureuse au travail, mais elle est aussi un modèle d’engagement dans sa pratique. D’ailleurs, elle est maintenant devenue une source importante de soutien pour ses collègues, notamment ceux et celles qui traversent leur choc de transition.

Pour communiquer avec une préceptrice : soutiencliniquedsi.ciussse-chus@ssss.gouv.qc.ca

 

*Les conseillères en soins infirmiers – volet préceptorat sont souvent nommées « préceptrices ».

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