Jeudi, 13 h. Manon reçoit un appel de Fanny, une agente administrative qui travaille à l’unité du 5e C de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke, là où sa mère vient d’être admise. Fanny lui explique comment elle peut s’impliquer auprès de sa mère, en collaboration avec l’équipe de soins et selon sa volonté. Ce n’est pas la première fois que la mère de Manon est hospitalisée dans cette unité de soins. Mais c’est la première fois qu’une telle collaboration est proposée.

C’est qu’un projet pilote est en cours, à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke et à l’hôpital de Lac-Mégantic. L’objectif : favoriser la collaboration avec les personnes proches aidantes en milieu hospitalier pour assurer le bien-être de la clientèle.

Les personnes proches aidantes peuvent contribuer à améliorer les soins et services offerts, et à les adapter à chaque individu qui les reçoit. L’équipe du Service de l’expérience usager et la Direction de la fluidité des unités hospitalières (DFUH) l’ont bien démontré en mettant sur pied le projet pilote, à l’automne dernier.

 

Un impact positif sur la personne hospitalisée

 

Lorsqu’une personne est admise à l’hôpital, l’équipe responsable discute avec son proche et lui explique le fonctionnement de l’unité de soins. On l’informe également de la façon dont il peut collaborer pour favoriser le maintien des capacités de la personne hospitalisée, tout en veillant à sa santé mentale et cognitive. De plus, on souligne à quel point sa collaboration avec l’équipe peut avoir un impact significatif sur la personne hospitalisée.

Si la personne proche aidante ne souhaite pas s’impliquer ou qu’elle n’est pas en mesure de le faire, l’équipe responsable accueille ce choix avec bienveillance et demeure à l’écoute. Mais s’impliquer peut être bien simple : toute information ou préoccupation concernant la personne hospitalisée, aussi banale qu’elle puisse paraître, aide l’équipe à offrir des soins et des services adaptés. Pour certains proches aidants, ce sera leur façon de jouer un rôle important, sans même s’en rendre compte.

 

Quelques façons pour le proche de s’impliquer :

 

  • Parler à l’équipe responsable de son proche et de ses préoccupations
  • Aider la personne hospitalisée à formuler les questions qu’elle souhaite poser au personnel et noter les réponses
  • L’encourager à assurer ses soins d’hygiène de base de façon autonome, comme se laver et s’habiller
  • L’inviter à se lever et à faire de l’exercice
  • Lui tenir compagnie lors des repas pour favoriser son appétit
  • Lui apporter des objets significatifs (p. ex. : des photos, une couverture) et du matériel pour se divertir
  • Lui offrir un soutien émotionnel et psychologique par sa présence

Bien comprendre la réalité de la personne proche aidante

 

Pour mieux collaborer avec les personnes proches aidantes, les membres du personnel doivent d’abord se mettre dans la peau de celles-ci et comprendre ce qu’elles peuvent ressentir.

Quand une personne a, par exemple, un parent, un enfant ou un conjoint hospitalisé, elle peut se sentir impuissante face à la situation, alors qu’elle voudrait contribuer à ce que la personne aille mieux. Quand l’équipe de soins comprend ceci, ça oriente et facilite ses échanges avec les personnes proches aidantes. Des échanges qui se veulent empreints d’humanité et qui permettent au proche de se sentir écouté, rassuré, en contrôle et, surtout, considéré. Ceci favorise la collaboration entre le personnel et la personne proche aidante, ainsi que la naissance d’une relation harmonieuse.

 

Gestes-clés à appliquer auprès de la personne proche aidante

 

  • Vous présenter en lui précisant votre prénom et votre rôle
  • L’accueillir et l’inviter à poser ses questions
  • Adapter votre niveau de langage (éviter les termes compliqués et les abréviations)
  • Valider sa compréhension en utilisant des questions ouvertes (p. ex. : Que comprenez-vous de la situation actuelle?)
  • L’informer du rôle qu’elle peut jouer auprès de son proche, notamment en lui remettant le feuillet Votre rôle de personne proche aidante à l’hôpital
  • L’encourager à informer l’équipe de soins si elle observe des changements chez la personne hospitalisée ou si elle a des préoccupations par rapport à celle-ci
  • Lui exprimer que vous appréciez sa présence et sa contribution
  • Planifier le congé de la personne hospitalisée en lui donnant, ainsi qu’à son proche, des explications sur la médication, les signes et symptômes à surveiller, les rendez-vous de suivi, etc.

Une culture de partenariat à faire vivre

 

Si le projet pilote a permis aux équipes de soins d’être davantage sensibilisées à l’importance de l’approche Agir pour et avec l’usager, il a également encouragé les personnes proches aidantes à mieux connaître leur rôle et à faire entendre leur voix, au bénéfice de l’usagère ou de l’usager.

« Je me suis informée pour savoir ce que je pouvais faire pour aider. J’ai senti qu’on appréciait ce que je faisais déjà. Les préposées, les personnes à l’accueil et les infirmières étaient plus réceptives avec moi. Il faut collaborer avec nous, car nous connaissons mieux que quiconque notre proche hospitalisé. »

– Une proche aidante à l’unité du 5e C

Bien que le projet soit déployé depuis moins d’un an, on envisage déjà de le reconduire dans d’autres installations du CIUSSS de l’Estrie – CHUS.

« Les personnes proches aidantes sont les spécialistes de l’expérience de vie des usagers, de leurs besoins et de leurs particularités. Elles  nous permettent de mieux connaître la personne et de bien intervenir auprès de celle-ci. Collaborer et communiquer avec les proches contribue à offrir des services personnalisés, sécuritaires et de qualité. »

– Catherine Nadeau, conseillère en soins infirmiers

Le feuillet Votre rôle de personne proche aidante à l’hôpital est disponible en ligne sous l’onglet Soutenir un proche à l’hôpital de la page web Personnes proches aidantes.

 

 

Sur le même sujet

 

 

Photo d’entête : L’équipe du 5e C de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke. De gauche à droite : Fanny Fréchette, agente administrative, Mélissa Belval, infirmière auxiliaire, Sylvain Roy, préposé aux bénéficiaires, et Sophie Camus, infirmière clinicienne.