Vous pourriez côtoyer des personnes autochtones dans votre quotidien sans même le savoir! Qu’il s’agisse d’usagers ou de collègues, l’identité autochtone ne se devine pas nécessairement par le physique ou par le nom. Allons à la rencontre de trois Autochtones vivant en Estrie qui nous partagent leur vécu et leur réalité.
Plusieurs Autochtones choisissent de résider en Estrie, hors des communautés (autrefois appelées « réserves »). C’est notamment le cas de Raymond, un usager, ainsi que de Virginie et Vanessa, deux membres du personnel, qui y habitent depuis de nombreuses années. Une région qu’ils décrivent comme chaleureuse et accueillante. Les trois partagent une grande fierté de leurs racines autochtones, mais chacun a sa façon de la vivre et de l’exprimer.
Les origines d’un brave
Raymond est une personne d’une grande sensibilité qui défend son identité autochtone. Il est très impliqué dans le réseau de la santé et des services sociaux, notamment par sa participation active au sein du comité des usagers du centre de réadaptation qui offre des services en déficience physique.
« Je fais partie des “Braves“, ceux qui se battent pour défendre et protéger les autres. »
– Raymond Cyr, usager autochtone (voir photo d’en-tête)
Ses racines sont un heureux mélange de différentes nations (Cris, Métis, Mohawk, etc.). Il a grandi selon les traditions autochtones, en apprenant des hommes de sa famille. Il leur doit ses savoirs reliés à la flore ainsi que cette habileté à percevoir son environnement à travers différents sens.
Raymond a passé une partie de sa vie à Saskatoon et en Gaspésie avant de s’établir en Estrie afin de prendre du recul face à certains enjeux. Il faut comprendre que sa mère a vécu dans les pensionnats autochtones et les souvenirs douloureux qui y sont rattachés ont teinté le parcours de Raymond.
De la Côte-Nord à l’Estrie
Virginie et Vanessa sont deux sœurs d’origine innue provenant de la communauté Essipit, située sur la Côte-Nord. Elles sont également des membres de notre communauté interne, occupant des postes au sein de la Direction de la qualité, de l’éthique, de la performance et du partenariat. Elles ont grandi en Estrie, mais ont passé tous les étés de leur jeunesse sur la Côte-Nord à visiter leur parenté, pêcher des oursins et simplement profiter de la nature.
« Être Autochtone, c’est pour moi une fierté. C’est notre histoire, notre identité, nos traditions qui nous définissent. »
– Vanessa
Puisqu’elles habitent en Estrie, loin de la communauté Essipit, Virginie et Vanessa vivent au quotidien une vie plus commune et moins imprégnée des traditions autochtones.
Toutefois, Vanessa, qui a deux enfants, alloue une grande importance à faire connaître l’histoire autochtone à ses enfants. D’ailleurs, sa fille a commencé à apprendre des mots innus, ce qui la rend très fière.
Vanessa, employée au CIUSSS de l’Estrie – CHUS d’origine autochtone.
Des interactions respectueuses
Raymond, Virginie et Vanessa constatent aujourd’hui un plus grand intérêt pour l’histoire et les coutumes autochtones. Mais il en reste beaucoup à apprendre, principalement sur les façons d’agir pour favoriser des interactions respectueuses. Ils nous proposent quelques pistes :
Éviter de supposer le statut autochtone d’une personne par son physique
La plupart des Autochtones n’ont pas les traits typiques de leur communauté. C’est entre autres le cas de Raymond, Virginie et Vanessa. Mais comment fait-on pour savoir si la personne est d’origine autochtone? En le demandant! En plus, ça montre votre intérêt envers la personne.
Commencer une conversation en posant une question personnelle
Les signes de politesse sont très importants pour les Autochtones. Par exemple, avec une personne autochtone, on ne commence pas nécessairement la conversation de la même façon. Lorsqu’on sait que la personne est d’origine autochtone, pour montrer qu’on se soucie d’elle, il est préférable de commencer par poser une question personnelle : « Vous avez des enfants? Comment ils vont? ». Autrement, la personne pourrait percevoir la conversation comme de la « business » et pourrait être moins encline à s’ouvrir sur elle.
Déconstruire le préjugé selon lequel tous les Autochtones sont de grands consommateurs d’alcool et de drogues
L’association Autochtone-consommation est souvent observée. Et pourtant, la consommation de substances est aussi bien présente ailleurs, au sein de la société. Quand on interagit avec une personne, peu importe ses origines, il s’avère respectueux de ne présumer de rien.
Respecter le lien des Autochtones avec la terre
Si l’on a aujourd’hui autant de savoirs sur les produits de santé naturels et les bienfaits des plantes médicinales, c’est grâce aux Autochtones. Surtout dans le milieu de la santé, il faut considérer que les Autochtones peuvent se tourner vers les ressources de la terre pour se soigner.
Oui à la sensibilisation!
La formation obligatoire Sensibilisation aux réalités autochtones, que 14 000 d’entre vous ont suivie, est bien accueillie par les personnes autochtones. Même Virginie et Vanessa ont beaucoup appris en l’écoutant.
« Même s’il y a moins d’Autochtones en Estrie (environ 6 000) que dans d’autres régions, c’est important de faire connaître notre réalité. Et la culture autochtone fait partie de notre histoire, au Québec. »
– Virginie, employée au CIUSSS de l’Estrie – CHUS d’origine autochtone
En plus de cette formation spécialement conçue pour les travailleurs de la santé et des services sociaux, un des moyens d’en apprendre davantage sur les autochtones est la discussion!
« Les questions qu’on me pose le plus souvent concernent les droits liés à la carte de statut d’Indien. Ça me fait plaisir d’y répondre, je vois ça comme une occasion d’informer sur le sujet. »
– Vanessa, employée au CIUSSS de l’Estrie – CHUS d’origine autochtone
« Les connaissances autochtones se perpétuent de génération en génération, et c’est au contact des autres, par des conversations, qu’on réussit à obtenir une part de ce savoir. »
– Raymond Cyr, usager autochtone
Comme Vanessa, Virginie et Raymond, vous aimeriez partager votre histoire et ainsi inspirer vos collègues qui s’intéressent à l’équité, la diversité et l’inclusion? Écrivez à edi.ciussse-chus@ssss.gouv.qc.ca.
À lire aussi
- Sensibiliser à la diversité culturelle, une conversation à la fois
- « Les capacités n’ont pas de genre »
Photo d’entête : Raymond Cyr, usager autochtone