Vous intervenez auprès d’une jeune clientèle? Il peut donc vous arriver de recevoir un enfant et de remarquer qu’il réagit peu ou pas aux stimuli. Qu’il ne vous regarde jamais dans les yeux. Qu’il présente certains retards…  Vos observations vous mènent à suspecter un trouble du spectre de l’autisme (TSA), mais cette hypothèse n’a jamais été évoquée par le parent.

Lors que vous abordez le sujet avec le parent, celui-ci ne semble même pas en avoir envisagé la possibilité. Vous êtes conscient qu’un diagnostic précoce pourra grandement aider le développement de cet enfant, alors vous souhaitez mettre la puce à l’oreille du parent. Mais comment faire?

Agir pour et avec l’usager, ça ne s’applique pas seulement quand une personne vient chercher des soins ou des services pour elle-même. Ça s’applique aussi quand elle consulte pour un tiers, par exemple son enfant.

Pas de diagnostic hâtif

Tout d’abord, si vous n’êtes pas pédiatre, pédopsychiatre ou psychologue spécialisé dans ce domaine, n’oubliez jamais que vous n’êtes pas en mesure de diagnostiquer un TSA. Le parent qui vous consulte ne s’attend pas à ce que vous évoquiez une telle éventualité.

Il vous faudra donc faire preuve de beaucoup de bienveillance pour aborder le sujet.

Voici quelques trucs :

  • S’assurer d’un contexte favorable
    Informer un parent de la possibilité que son enfant ait un TSA, ça ne se fait pas dans un cadre de porte alors que l’enfant pleure. Prenez le temps d’inviter le parent à s’asseoir confortablement. Laissez-le calmer son enfant et ensuite vous pourrez discuter plus calmement.
  • Prendre en compte l’expertise du parent
    Le premier expert d’un enfant sera toujours son parent. C’est lui qui le connait le mieux. Toutefois, il n’a pas nécessairement l’expertise ou le recul nécessaire pour reconnaître que son enfant rencontre des défis particuliers.

    • Demandez-lui de vous parler de son enfant et de ses forces.
    • Demandez-lui s’il remarque des choses particulières concernant son enfant ou des réactions qu’il ne note pas chez d’autres enfants. Informez-vous des impacts de ces comportements sur la vie de l’enfant et de la famille.
    • Et rappelez-vous que les signes apparents peuvent avoir diverses origines. Ce n’est pas parce qu’un enfant ne parle pas et qu’il rencontre des défis de socialisation qu’il a nécessairement un TSA. Ce qui est apparent n’est souvent que la pointe de l’iceberg.

  • Référer vers les bonnes ressources
    Il est possible à ce moment que le parent devienne inquiet et qu’il exprime son désarroi. Il ne sait pas vers qui se tourner. C’est à ce moment, que vous pouvez l’inviter à discuter de la question avec le médecin de l’enfant ou avec un pédiatre, ou encore joindre Info-social, qui réfèrera l’enfant au bon professionnel pour établir un diagnostic.

Il ne faut jamais oublier que comme professionnel de la santé ou des services sociaux, vous êtes confronté quotidiennement à des diagnostics. Comme ils font partie du quotidien dans le cadre de votre travail, ils se banalisent. Toutefois, pour le parent, ce n’est pas banal, surtout quand ça touche son enfant! Il est souvent plus difficile de recevoir un diagnostic pour son enfant que pour soi-même.

Et si le parent a du mal à accepter un potentiel diagnostic de TSA ou un diagnostic déjà reçu, concentrez-vous, avec lui, sur les besoins de l’enfant. Avec le temps, le parent en viendra à accepter la situation. N’oubliez pas qu’un tel diagnostic représente un grand deuil pour le parent.

« Agir avec l’usager et ses proches, c’est favoriser la participation de ceux-ci pour mieux répondre à leurs besoins. Utiliser des questions ouvertes est une excellente façon de valoriser leur pouvoir d’agir et ça aide à adapter l’accompagnement offert, lorsqu’on est professionnel de la santé ou des services sociaux. »

– Jean-Guillaume Marquis, chef de service – expérience usager et soins spirituels

TSA : les drapeaux rouges

Selon Carolyne Chartier, travailleuse sociale à la clinique externe de pédopsychiatrie, voici quelques signes* qui peuvent amener à suspecter la présence d’un TSA. Attention, un seul élément n’est pas suffisant pour tendre vers cette hypothèse. C’est l’addition de plusieurs de ces comportements et leur répétition sur une certaine période qui devrait vous alerter.

  • L’enfant présente des sensibilités sensorielles importantes : bruits, textures alimentaires, toucher.
  • Il ne regarde pas les gens dans les yeux quand on lui parle.
  • Il ne démontre pas d’intérêt pour les autres enfants. Il joue seul ou avec un autre enfant, mais de façon parallèle (sans interagir).
  • Il ne joue pas à des jeux imaginaires.
  • Il répète inlassablement la même chose et de la même façon.
  • Il ne s’intéresse qu’à une partie de ses jouets, et ne les utilise pas selon leur fonction.
  • Il présente un intérêt particulier d’une intensité inhabituelle.
  • Il présente des mouvements répétitifs (flapping).
  • Il a du mal à déroger d’une routine.

*Cette liste n’est pas exhaustive.

 

Dans toutes les situations, rappelez-vous que la bienveillance est de mise auprès des usagers, bien sûr, mais aussi de leurs proches.

 


Photo d’entête : Une intervenante et un jeune usager.

 

 

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