Connaissez-vous Les Impatients? L’organisme soutient les personnes vivant avec des enjeux de santé mentale. Il propose des ateliers artistiques gratuits partout au Québec pour briser l’isolement et tisser des liens avec les autres. Offertes depuis peu à Sherbrooke, les activités des Impatients suscitent un vif engouement et les demandes dépassent déjà la capacité d’accueil.
Récemment, dans le cadre d’une exposition, une vingtaine de participants et participantes ont dévoilé leurs créations, inspirées de leurs émotions et de leur cheminement personnel. Plusieurs ont saisi l’occasion pour partager leur histoire et mettre des mots sur leur parcours.
« Grâce aux Impatients, j’ai choisi de rester en vie! »
Brigitte a traversé de nombreuses épreuves au fil des ans, mais son dernier coup dur l’a plongée dans une profonde dépression. Il devenait impossible pour elle d’entrevoir la moindre lumière au bout du tunnel, jusqu’à ce qu’elle découvre Les Impatients.
« J’ai souhaité mourir et j’avais un plan pour y arriver! J’ai mis des mois à tenter de me sortir de la dépression. Il y a quelque temps, une infirmière m’a parlé des Impatients. La première fois que j’y suis allée, j’étais encore au fond du puits. Les Impatients m’ont permis de réaliser que j’en vaux la peine. Je suis encore très fragile, mais maintenant, j’ai l’impression d’avoir une raison de me lever le matin! Grâce aux Impatients, j’ai choisi de rester en vie. »
– Brigitte

Brigitte Durand
Créer pour s’exprimer et socialiser
Johannie dit avoir un grand manque de confiance et ne pas être douée pour socialiser. C’est son ergothérapeute qui lui a parlé des Impatients. La trentenaire s’est découvert une réelle passion pour la peinture :
« J’ai beaucoup de misère à établir des relations avec les autres, mais les ateliers me permettent de rencontrer des gens, sans me sentir jugée. Tout le monde est dans la bienveillance ici. Ça m’aide à faire face à mes ressentis et à mes comportements », confie Johannie.
Léonie a pu elle aussi rebâtir sa confiance à travers les ateliers artistiques : « Lorsque j’ai commencé à fréquenter les Impatients, je ne travaillais pas, car je vivais une grosse dépression. J’avais l’impression de n’avoir ma place nulle part. Puis, j’ai découvert un espace où je me suis sentie acceptée et valorisée », partage Léonie.
Cette jeune femme de 24 ans est retournée sur le marché du travail dans les derniers mois.
« Pour certaines personnes, les Impatients deviennent une famille »
Présente à une trentaine d’endroits au Québec, l’organisation offre des ateliers artistiques gratuits à plus de 950 personnes. À Sherbrooke, jusqu’à présent, 37 usagères et usagers du CHUS ont pris part aux ateliers. Chaque semaine, ils se réunissent dans un local où les attendent pinceaux, toiles, couleurs… et des moments de partage et de réconfort.
« Nous tentons d’être un tissu social pour les participants et participantes. Pour certaines, Les Impatients deviennent une famille. Je vois des amitiés se créer entre des personnes qui viennent de mondes complètement différents! »
– Stéphanie Demers, artiste et praticienne en art thérapie
Cette première année des Impatients à Sherbrooke est un vrai succès. Les demandes de participation dépassent déjà la capacité d’accueil.
Notons que tout est pris en charge par l’organisme, grâce au soutien de la Fondation du CHUS : matériel, animation des ateliers, intervenant et intervenantes sur place.
« C’est une grande fierté pour nous de financer une telle ressource dans notre région. Ces ateliers sont un complément aux soins et services offerts au CIUSSS de l’Estrie – CHUS et permettent aux personnes qui y participent d’accéder à un espace sécuritaire et bienveillant pour s’exprimer grâce à l’art et créer des liens pendant et en dehors des ateliers. »
– Martin Clermont, directeur général, Fondation du CHUS
Photo d’en-tête : De gauche à droite : Léonie, usagère, Stéphanie Demers, artiste et praticienne en art thérapie, Alexandra, usagère, et Sylvain, usager.