Voilà un peu plus de six mois que les résidents de la Maison des aînés et alternative de Sherbrooke ont fait leur entrée dans leurs maisonnées respectives! Ils sont maintenant bien installés, et certains adultes de la maisonnée du cardinal ont accepté de nous raconter l’aventure de leur intégration dans leur nouveau milieu de vie.

Dans la maisonnée du cardinal, on ne trouve pas des personnes âgées, mais des adultes qui ont besoin d’un milieu de vie alternatif en raison d’un handicap. Actuellement, 12 personnes y vivent.

 

Apprendre à vivre avec un handicap

 

Changer ses habitudes pour vivre avec de nouvelles limitations est tout un défi! Des résidents de la maison alternative ont vécu ce cheminement et les deuils qu’il implique. Pour Gaétan, c’est une mauvaise chute pendant son sommeil qui a causé sa paralysie des épaules jusqu’aux pieds. Marie-Hélène, elle, a perdu l’usage du côté droit de son corps suite à un accident de voiture.

En un instant, leur vie a changé du tout au tout. « On n’accepte jamais le handicap, on apprend à vivre avec », affirme Gaétan. Pour ces personnes qui ont vu leur vie être chamboulée, l’attention, les soins et les services offerts par le personnel de soins et de la réadaptation sont très précieux. Ils les guident dans l’apprentissage de leur nouvelle réalité personnelle.

 

Pour Gaétan et pour les personnes qui vivent une situation similaire, le goût de communiquer avec les autres et d’échanger est toujours aussi présent, mais entretenir des amitiés se fait différemment. L’humour et la créativité permettent d’adapter certaines activités du quotidien, tandis que d’autres activités doivent être abandonnées, ce qui nécessite un long processus d’acceptation.

« On n’accepte jamais le handicap, on apprend à vivre avec. »

– Gaétan, paralysé des épaules jusqu’aux pieds après avoir fait une mauvaise chute pendant son sommeil il y a quelques années.

Une complicité qui fait du bien

 

Bien qu’ayant chacun leur chambre, les 12 résidents partagent un même milieu de vie. La colocation n’est pas toujours de tout repos! Mais les résidents ont appris à se connaître et de belles complicités se sont développées. Josée Delorme en sait quelque chose.

Vivant avec une paralysie cérébrale depuis la naissance, Josée communique à l’aide de son regard puisqu’elle n’a pas accès à la parole. Un tableau placé devant elle lui permet de communiquer ses idées à une intervenante ou à un proche qui peut en faire l’interprétation. Par exemple, pour exprimer comment elle vit en maison alternative, elle regarde dans son tableau la couleur blanche, la lettre E et le chiffre 2, le code pour le mot « aider ». Elle est heureuse de pouvoir interagir avec  ses « colocs », les écouter, et partager son sourire avec eux.

 

D’ailleurs, le personnel de la maison a remarqué comment elle soutient une autre résidente. À son contact, cette dernière commence à s’ouvrir et à communiquer davantage. Josée partage sa compassion et sa chaleur humaine sans limites.

 

De beaux moments sont aussi partagés entre les membres du personnel et les résidents. Tous font partie intégrante de la maison et se réunissent dans la salle à manger durant les heures de repas ou d’activités.

Josée Delorme et son tableau.

Stéphanie (à gauche) peut interpréter lorsque Josée s’exprime à l’aide de son tableau de communication.

Se sentir chez soi en maison alternative

 

Les résidents ont des opportunités d’activités leur permettant de prendre soin d’eux. Gaétan apprécie aller dehors tous les jours, Josée adore écouter de la musique tandis que Marie-Hélène aime créer des œuvres d’art visuel. La possibilité de nourrir leurs passions et intérêts individuels est précieuse. Cela contribue à ce qu’ils se sentent chez eux. Aussi, ils sont invités à s’approprier leur chambre, entre autres en décorant à leur goût.

 

Les résidents forment un « comité de la maison » pour prendre des décisions de façon commune, concernant par exemple l’aménagement des aires de vie. La configuration des lieux favorise la vie en groupe puisque les chambres donnent sur les aires de vie communes, comme la salle à manger ou le salon. Ainsi, une personne peut faire ses activités dans sa chambre tout en jasant avec un résident resté dans la salle à manger.

 

Chaque étage comporte une salle qui peut être réservée pour des proches souhaitant dormir sur place parce qu’ils habitent à l’extérieur, par exemple. Une famille venue visiter un résident peut aussi choisir de préparer un repas sur place puisque la cuisine est équipée pour ce faire. Les goûts et les odeurs des mets cuisinés permettent parfois de voyager et de retrouver d’anciens souvenirs!

 

Réaliser des projets pour s’accomplir

 

Avoir des projets de vie est valorisant et contribue à l’appartenance à la communauté. C’est en vivant de nouvelles expériences que les résidents développent leurs capacités et découvrent de nouvelles forces. C’est le cas de Mélanie Bérard, qui a organisé en avril dernier, en collaboration avec l’équipe de la maison des aînés et alternative, un « souper spaghetti » réunissant une cinquantaine de personnes. L’objectif? Contribuer au financement d’un organisme qui lui tient à cœur.  

 

Une autre résidente a pour sa part choisi d’effectuer un retour aux études. Les possibilités sont nombreuses. Certains projets nécessiteront l’implication et la collaboration du personnel, alors que d’autres se réaliseront simplement. Lorsque tout est réfléchi et que les conditions sont réunies, c’est l’occasion pour nos résidents de foncer!

 

On associe souvent les maisons des ainés et alternative (MDAA) aux personnes âgées. Mais on oublie facilement le volet « alternatif » des maisonnées, qui accueillent aussi des adultes vivant avec un handicap. Ces personnes relativement jeunes et pleines de projets qui, comme Gaétan, Marie-Hélène et Josée, se nourrissent de l’esprit de communauté pour mieux s’accomplir.

 

Aperçu de la maisonnée du cardinal

Visitez virtuellement la MDAA de Sherbrooke

 

 

Photo d’entête : Marie-Hélène Lavoie, résidente, Stéphanie Grenier, infirmière auxiliaire, Gaétan Desjardins, résident, Josée Delorme, résidente, Stéphanie Dubois, infirmière auxiliaire.