Mélina Veilleux pensait faire toute sa carrière auprès des enfants. Pourtant, depuis près de 5 ans, c’est auprès des personnes aînées, au CHSLD de Weedon, qu’elle œuvre au quotidien. Et pas question d’aller ailleurs!

Un défi inattendu qui change une carrière

 

Mélina a commencé sa carrière en tant qu’éducatrice à la petite enfance. Après avoir côtoyé des enfants ayant des besoins particuliers, elle a décidé de retourner sur les bancs d’école afin de devenir éducatrice spécialisée. Elle souhaitait ensuite retourner auprès de sa jeune clientèle. Un de ses enseignants l’a toutefois mise au défi d’effectuer un stage auprès d’une nouvelle clientèle. C’est ainsi qu’elle a intégré le CHSLD St-Vincent, où elle a eu un énorme coup de cœur pour les aînés. Elle travaille maintenant au CHSLD de Weedon.

 

L’approche multisensorielle

 

Aux côtés de Marie-Anick Lussier, spécialiste en activités cliniques, et d’autres professionnels, Mélina a découvert l’approche non pharmacologique appelée multisensorielle. Cette approche consiste à proposer aux résidents différentes expériences sollicitant leurs sens, en les accompagnant dans une ambiance réconfortante et rassurante, ce qui facilite la création de liens. Le respect de l’intégrité et de l’histoire de la personne est au centre de cette approche. Découvrez comment cette approche peut se concrétiser…

 

Faire du CHSLD un vrai « chez soi »

 

Au quotidien, Mélina travaille à organiser les loisirs pour les résidents, effectue de la gestion comportementale, participe à l’aménagement du milieu de vie et plus encore. Parfois, elle accompagne les résidents en fin de vie.

En d’autres mots, elle œuvre à ce que les résidents se sentent bien, confortables et en confiance… comme chez eux, quoi. Elle connaît chacun des résidents et leur histoire de vie, dont elle s’inspire dans ses interventions personnalisées grâce à l’approche multisensorielle.

Par exemple, certains matins, Mélina se transforme en préposée « déjeuner douceur » et entame la journée en sillonnant les corridors avec son chariot à crêpes, qu’elle a créé à partir d’une plaque à déjeuner.

Les résidents se réveillent avec l’odeur des crêpes au sirop d’érable ou des gaufres aux pommes, au gré des saisons. D’autres fois, c’est avec des cafés qu’elle se présente dans la chambre d’un résident.

Mélina distribue parfois des « déjeuners douceur ».

Mélina distribue parfois des « déjeuners douceur ».

« On devient deux personnes qui jasent autour d’un bon café, c’est différent de l’intervenante qui vient parler avec un usager. La discussion est plus aisée comme ça, les personnes s’ouvrent davantage. C’est plus facile d’être en prévention qu’en gestion. »

– Mélina Veilleux

Mélina est continuellement à la recherche d’idées pour faciliter les contacts avec les résidents. Voici des exemples inspirants.

 

Les Grands explorateurs

 

Une fois par mois, Mélina rassemble les résidents dans la salle commune pour assister à une conférence virtuelle des Grands explorateurs (elle leur a même fabriqué des passeports personnalisés!). Pour que chaque résident puisse vivre l’expérience, y compris les personnes ayant des déficits visuels ou auditifs, elle leur prépare un mets typique du pays présenté à l’écran. Tous les sens sont stimulés!

 

Un salon de beauté à même le CHSLD

 

Grâce au don dédié qu’une famille a versé à la Fondation des CLSC et CHSLD du Haut-Saint-François, Mélina a mis sur pied un salon de beauté à même le CHSLD. Elle y emmène les résidents, parfois deux ou trois à la fois, femmes ou hommes, comme si c’était une petite sortie.

En temps de pandémie, c’était tout sauf banal. Quand les proches appelaient pour prendre des nouvelles, ils étaient étonnés d’entendre « Je suis allée au salon de beauté et Mélina m’a fait un masque! »

 

Le salon de beauté à même le CHSLD

Le salon de beauté à même le CHSLD.

Les jardins thérapeutiques

 

Des jardins dans des bacs sont installés à l’extérieur du CHSLD, où poussent quelques fleurs, herbes ou petits légumes.

En fait, Mélina a appris à jardiner avec l’aide des résidents, elle qui n’a pas du tout le pouce vert! Les résidents s’occupent même parfois des plants avec leurs proches en visite.

Au moment de la récolte, Mélina sert les aliments au déjeuner avec son chariot.

Les résidents s’occupent parfois des jardins thérapeutiques.

Les résidents s’occupent parfois des jardins thérapeutiques.

L’exposition photo

« Je tenais à faire vivre et parler les murs de cet établissement, qui est un milieu de vie où résident des bâtisseurs de la communauté de Weedon. »

L’intervenante a donc mis sur pied le projet « Un voyage à travers le temps » avec l’aide de deux bénévoles. Lors d’une visite à la Société d’histoire de Weedon, Mélina a pu faire imprimer plusieurs photos d’époque représentant des villageois, des bâtisses, des activités quotidiennes ou des objets anciens.

Elle y a ajouté des objets dénichés dans des ventes de garage, comme un vieux moulin à viande, puis elle a installé le tout dans les corridors et dans les lieux communs du CHSLD, à hauteur d’yeux pour les personnes en fauteuil roulant.

« Les familles qui viennent visiter leurs proches aux prises avec des troubles neurocognitifs, comme la démence ou la maladie d’Alzheimer, éprouvent souvent des malaises ou ne savent pas trop de quoi parler avec eux. Les photos leur offrent un bon point de départ pour commencer la discussion. Les gens se mettent à parler du passé, mais au présent. »

Ce projet a d’ailleurs valu à Mélina une reconnaissance à l’Assemblée nationale!

Un des clichés tiré de l’exposition photo.

 

L’aromathérapie en fin de vie

 

Mélina a créé un imposant chariot sensoriel d’aromathérapie, qu’elle utilise lorsqu’elle accompagne des personnes en fin de vie. Weedon étant un petit milieu rural où la plupart des résidents ont exercé des métiers manuels, elle utilise l’aromathérapie pour les apaiser. Par exemple, pour les anciens bûcherons ou travailleurs forestiers, elle met une huile essentielle de cèdre ou de pin dans son diffuseur. De la vanille pour les cuisinières, de la rose ou d’autres végétaux pour les jardinières, etc.

 

Une lumière réconfortante pour les résidents

 

Mélina, c’est la confidente, l’accompagnatrice, l’intervenante qui remue ciel et terre pour ses résidents, qu’elle aime d’un amour sincère. De son propre aveu, elle ne changerait de milieu pour rien au monde. Elle s’y sent à sa place, utile, appréciée, entourée de collègues proches et généreux, de gestionnaires qui croient en ses projets. L’une des résidentes l’appelle même Lumina, la considérant comme « sa petite lumière ». Un autre lui a dit « Je sens que tu prends soin de moi ». Des reconnaissances qui valent tout l’or du monde!

« On pose des petits gestes, mais pour les familles, c’est tellement précieux que ça devient mon plus beau cadeau. »

– Mélina Veilleux