Joshua était auparavant Vicky. Elle était une agente administrative, il est maintenant surveillant d’établissement dans l’une de nos résidences à assistance continue (RAC). Son chemin pour se tailler une place dans sa nouvelle équipe de travail et pour se faire accepter avec son nouveau genre n’a pas été de tout repos. Incursion dans sa réalité…
En juin 2018, Vicky, qui travaille alors comme agente administrative au Centre administratif Saint-Vincent-de-Paul, fait une annonce à sa gestionnaire. Elle lui confie ce qu’elle a attendu des années avant de faire : un changement de genre. Bien évidemment, elle souhaite aussi informer ses collègues, question d’éviter les ouï-dire.
Un vendredi, armée de tout son courage, Vicky prend la parole devant la quarantaine de collègues réunies devant les ascenseurs. Dans un discours alliant humour et sensibilité, elle demande à se faire appeler Joshua dès le lundi suivant. Alors qu’elle redoutait la réaction de ses collègues, Vicky fut applaudie et félicitée pour sa capacité à s’affirmer. Le soir même, elle fait couper ses longs cheveux. C’est la fin de Vicky et l’arrivée tant attendue de Joshua.
Un nouveau départ
Quelques mois plus tard, Joshua fait un changement de carrière. Il devient surveillant d’établissement dans l’une de nos résidences à assistance continue (RAC). La surveillance en établissement est un monde composé d’hommes. Ceux-ci doivent souvent composer avec des usagers qui présentent entre autres des comportements agressifs. C’est donc dire que les surveillants doivent avoir la force nécessaire pour les maîtriser, lorsque cela est requis.
Ce nouveau milieu représente un défi pour Joshua qui amorce tout juste sa transition médicale incluant la prise de testostérone. Lorsqu’il arrive dans l’équipe, ses traits féminins sont encore bien présents. Il faut un certain temps pour que les effets de la testostérone soient apparents. L’entre-deux est très inconfortable pour Joshua. Même s’il est un homme à l’intérieur de lui, son corps indique encore qu’il est une femme. Il doit nécessairement le préciser à ses nouveaux collègues : « Bonjour, moi c’est Joshua, je suis en transition ».
Le fait d’avoir déjà été une fille fut au début un obstacle pour Joshua : « On faisait moins confiance à ʺla filleʺ qui pourtant supplantait bien des garçons dans les examens physiques de qualification. »
Quels sont les effets de la testostérone?
La testostérone est une hormone dite « masculinisante ». Lors de l’administration à des hommes trans, ceux-ci voient apparaître plus de pilosité corporelle et une voix basse (ce qui est irréversible). La répartition de la graisse sous-cutanée se modifie pour refléter une morphologie masculine. La force musculaire augmente également.
Source : Transitionner.info
Les petits gestes comptent
Qu’est-ce qui a aidé Joshua à se sentir inclus au travail? Des gestes simples de ses collègues, mais qui font toute la différence, comme recevoir une tape amicale dans le dos ou se faire appeler « il ».
Un collègue est particulièrement précieux pour Joshua : « Il a su me faire sentir que je fais vraiment partie de l’équipe, me faire sentir que je suis égal aux autres. »
Distinguer la saine curiosité
L’ouverture dont fait preuve son équipe le touche énormément. On lui pose beaucoup de questions pour apprendre à le connaître, comprendre les défis particuliers qu’il rencontre et que les personnes nées dans un corps d’homme n’ont pas nécessairement. C’est-à-dire la prise de testostérone à vie, les chirurgies et les douleurs qui les accompagnent, les rendez-vous médicaux fréquents…
Mais affirmer sa transition vient parfois avec son lot de questions indiscrètes et inappropriées, et ce, peu importe l’identité de genre. Joshua a entendu bien des choses (référence aux organes génitaux ou à ce que font les « vrais hommes »). Heureusement, il a de la répartie et sait faire preuve d’humour pour désamorcer les situations tendues.
Comment savoir ce qui se dit et ce qui ne se dit pas? Pour Joshua, tout est dans la façon de poser les questions. Si elles sont empreintes de respect et de bienveillance, elles sont les bienvenues. Il ne faudrait pas mettre dans le même panier toutes les personnes qui vivent une transition de genre. Chaque personne vit sa transition à sa façon et a ses propres balises sur les comportements qu’elle accepte ou non.
Et s’il y a une chose que Joshua voudrait qu’on retienne, c’est ceci :
« Il faut arrêter de mettre un genre sur un métier, une situation ou un comportement. Par exemple, penser que les hommes sont nécessairement plus forts. Il faudrait plutôt se fier aux capacités de la personne, à son potentiel, peu importe son genre. »
– Joshua
Joshua est surveillant d’établissement dans l’une de nos résidences à assistance continue (RAC).
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