Une des solutions pour favoriser l’accessibilité et la continuité des soins et services? L’accueil de personnel recruté à l’international. Du côté des soins infirmiers, ces recrues sont appelées infirmières ou infirmiers diplômés hors Canada. Apprenez-en plus sur leur précieuse contribution.

Dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre, notre établissement a augmenté ses efforts de recrutement à l’international au cours des dernières années. Ainsi, depuis 2020, le CIUSSS de l’Estrie – CHUS a accueilli quelque 126 infirmières et infirmiers diplômés hors Canada (IDHC), dont la grande majorité travaille toujours dans l’établissement.

On trouve des IDHC dans divers secteurs : médecine, chirurgie, santé mentale, hébergement, maternité… et d’autres milieux pourront prochainement en recevoir, ce qui est une excellente nouvelle. Mais pour favoriser l’intégration et le bien-être de ces personnes dans les équipes, il est essentiel d’offrir un soutien adéquat et bienveillant.

 

L’intégration : un moment crucial

 

Franck Boulasladj était infirmier en France depuis 10 ans quand il a été accueilli à l’Hôpital Fleurimont en 2015, dans le cadre d’un stage. Il a travaillé dans divers secteurs, dont la chirurgie, et en clinique externe. Il a aussi fait partie de l’équipe volante. Aujourd’hui, Franck est conseiller en soins infirmiers, au sein de l’équipe qui accueille et soutient la relève en soins infirmiers. Il admet que l’adaptation a été un défi dès le début de son parcours au Québec :

« Ici, la pratique clinique n’est pas la même qu’en France, et l’organisation des soins diffère sur plusieurs plans. J’ai dû suivre de nombreuses formations de l’OIIQ et de l’établissement. Comme le dit la spécialiste en nursing Patricia Benner1, une infirmière ou un infirmier, même très compétent, redevient novice en changeant de contexte de pratique, par exemple en changeant de pays ou de spécialité. C’est exactement ce que j’ai vécu. »

– Franck Boulasladj, conseiller en soins infirmiers, Direction des soins infirmiers (DSI)

Toutefois, Franck a apprécié l’accueil de ses collègues dans les différents secteurs où il a travaillé.

Un homme sans cheveux et portant une barbe noire et une chemise blanche.

Franck Boulasladj, infirmier diplômé en France et aujourd’hui conseiller en soins infirmiers au CIUSSS de l’Estrie – CHUS

L’appui des collègues donne de l’élan

 

Valentine Bonnard a quant à elle reçu sa formation en soins infirmiers en Belgique avant d’entreprendre un stage au CIUSSS de l’Estrie – CHUS il y a un peu plus d’un an.

Ayant réussi l’examen de l’OIIQ, elle occupe aujourd’hui un poste d’infirmière à l’unité coronarienne de l’Hôpital Fleurimont. Elle aussi a dû faire preuve de grandes capacités d’adaptation, et « désapprendre pour réapprendre différemment », comme elle le dit. Mais elle avait le soutien de son équipe :

« Tout recommencer avec l’impression d’être une débutante, ce n’est pas facile. Mais mes collègues m’ont bien entourée et j’ai aimé les entendre dire qu’elles me savaient capable. Ça m’a donné la confiance dont j’avais besoin pour continuer. ​»

– Valentine Bonnard, infirmière

Une femme blonde et aux yeux verts.

Valentine Bonnard, infirmière diplômée en Belgique et qui pratique maintenant à l’Hôpital Fleurimont

L’importance de la valorisation et de la chaleur humaine

 

Abdallah Abagh était infirmier au bloc opératoire dans un hôpital du Maroc avant d’arriver au CIUSSS de l’Estrie – CHUS en 2023 en tant que préposé aux bénéficiaires. Après avoir suivi une formation au Cégep de Granby et réussi l’examen de l’OIIQ, il est devenu infirmier dans notre établissement. Il travaille en chirurgie, en chirurgie d’un jour et au bloc opératoire à l’hôpital de Granby.

Lors de son intégration dans les équipes, Abdallah a particulièrement apprécié l’accueil chaleureux et l’aide qu’il a eue, par exemple pour se familiariser rapidement avec les procédures.

« La collaboration et le soutien mutuel au sein de l’équipe ont facilité mon intégration, me permettant de me sentir valorisé et pleinement intégré dans mon rôle. »

– Abdallah Abagh

La reconnaissance de la part des collègues est aussi un facteur clé, selon Abdallah, pour une intégration réussie :

Un infirmier assis devant une fenêtre.

Abdallah Abagh, infirmier diplômé au Maroc et qui travaille maintenant à l’Hôpital de Granby

« Quand j’ai appris que j’avais réussi l’examen de l’OIIQ, mes collègues de la chirurgie d’un jour m’ont surpris en se réunissant pour me féliciter. Ils avaient apporté des petites douceurs pour souligner l’événement. Leur soutien sincère et leurs encouragements ont renforcé mon sentiment d’appartenance à l’équipe et m’ont donné encore plus de motivation. »

– Abdallah Abagh

Un moment très touchant, dans le parcours d’Abdallah?

« Un usager à qui je donnais des soins depuis plusieurs jours m’a remis une lettre qu’il avait écrite à la main. Il exprimait sa gratitude pour mes soins attentionnés et ma gentillesse malgré le fait que je sois loin de mon pays d’origine. Ce geste m’a rappelé l’importance universelle de l’empathie et du dévouement dans notre profession, peu importe nos origines. »

– Abdallah

Les IDHC apportent plusieurs avantages

 

Nathalie Cabana, cheffe de la maternité à l’Hôpital de Granby, accueille actuellement deux IDHC dans son équipe. L’une est originaire du Cameroun, et l’autre du Maroc. Nathalie confirme que l’accueil de personnel recruté à l’international comporte des défis et demande de bonnes aptitudes de communication, mais elle souligne que la présence de ces personnes est une réelle plus-value :

« En plus d’offrir un précieux renfort, les IDHC apportent une vision élargie à l’équipe. Par exemple, elles peuvent partager leurs idées concernant ce qui peut être mis en application auprès des usagers ayant une culture commune avec elles. Et pour ces usagers, échanger avec les IDHC est sécurisant, ça leur donne des repères et ça les rend plus à l’aise de poser des questions. »

– Nathalie Cabana, cheffe de la maternité à l’Hôpital de Granby

Que pourrions-nous faire de mieux?

 

Pour améliorer constamment notre façon d’accueillir et de soutenir nos collègues provenant de l’international, nous avons demandé des conseils aux IDHC consultés.

« Nous sentir confiant dans notre nouvel environnement de travail est essentiel pour pouvoir nous épanouir et bien faire notre travail. Avoir des guides, des mentors, est précieux pour les IDHC. Il faut leur offrir, entre autres, des moments pour poser des questions. » – Abdallah Abagh

« Il est fondamental de bien accueillir les IDHC en leur apportant soutien et écoute. On peut aussi favoriser le réseautage pour que ces recrues puissent échanger sur leur expérience et voir qu’elles ne sont pas seules. » – Valentine Bonnard

 « Valoriser le développement des nouvelles compétences chez les IDHC est très important puisque ces personnes sont dans une situation d’apprentissage complexe : elles doivent partiellement reconstruire leur vision de la pratique, ce qui peut heurter leurs valeurs ou convictions. Même si les recrues de l’étranger possèdent souvent plusieurs années de pratique, il faut leur offrir un bon accompagnement pendant leur parcours d’intégration. » – Franck Boulasladj

En plus d’apporter du renfort aux équipes de soins parfois en sous-effectifs, les IDHC nous offrent d’excellentes opportunités de mettre en pratique nos valeurs liées à l’équité, la diversité et l’inclusion!


Photo d’entête : Franck Boulasladj, CSI, Hafsa Hidar, CEPI et IDHC (Sherbrooke), Johana Catalina Rodriguez Clavijo, CEPI et IDHC (Sherbrooke), Annick Nault, CSI, Gwendoline Le Vallois, CSI, Ornella Bombula, CEPI et IDHC (Granby), Asmaa Hatbi, CEPI et IDHC (Granby), Pierrot Kadima, CEPI et IDHC (Granby)

CSI : conseillère ou conseiller en soins infirmiers
CEPI : candidate ou candidat à l’exercice de la profession infirmière

1 BENNER, Patricia. De novice à expert : excellence en soins infirmiers. Éditions Masson, 2005.

 

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